Madame
la Conservatrice régionale,
Je
me permets d'attirer votre attention sur l'intérêt historique et
architectural du moulin à eau du Mayne à Arbis (33) afin
d'envisager la possibilité de son inscription au titre des Monuments
Historiques.
Propriété
de la commune d'Arbis, ce bâtiment, situé sur une dérivation de la
rivière de Saint Pierre de bât se jetant dans Oeuille, est
aujourd'hui sans affectation.
Il
est situé à 500m du château de Benauge.
Formé
d'un seul corps de bâtiment, l'établissement apparaît dans les
textes en 1500 à l'occasion du fermage de l'installation par Charles
de Castelnau, receveur de Benauges en faveur de Pierre Arnaud de
Rabas.
Cependant,
la façade occidentale du moulin révèle une archère en croix
pattée en contre-haut de la vanne de fuite, laissant supposer une
construction du XIIIe siècle. Le moyen appareil d'un mur
de refend, ainsi que le mur de façade tendent à confirmer
cette datation ainsi que
le jambage et le linteau d’une
porte murée.
Enfin
son bief, perpendiculaire au bâtiment, retenu par une digue et géré
par une imposante vanne est un élément intéressant par son
originalité.
Particulièrement
bien documenté par les travaux de Jean-Claude Huguet, historien, et
Vincent Joineau, auteur d'une thèse consacrée à l'histoire
technique et économique des moulins de l'Entre-deux-Mers, le moulin
était l'un des principaux établissements industriels de la Benauge
du fait de l'importance de son activité économique, notamment à
l'époque moderne. Associé à la métairie du Mayne distante d'une
centaine de mètres, le moulin est inscrit au cœur d'un domaine
agricole et industriel historique d'autant plus remarquable que les
bâtiments n'ont subi que peu de modifications ou d'aménagements au
cours du XXe siècle.
La
salle des roues, bien qu'endommagée par de probables pillages,
suggère l'organisation spatiale et révèle la réalité matérielle
des roues motrices et des maçonneries médiévales et modernes.
L'exploitation
de l'établissement fut, pendant quatre siècles, aux mains des
familles Domec et Fradin qui assurèrent la production de farines de
froment et de seigle. L'existence d'un fonds d'archives privé
unique, cohérent et quasi continu (contenant notamment de précieuses
correspondances et pièces de comptabilité) depuis le début du
XVIIIe siècle jusqu'aux années 1920 consacre, à mes
yeux, le caractère remarquable du bâtiment.